La semaine dernière, en rentrant de vacances, j’ai été amené à aller faire quelques courses dans le supermarché du coin. J’y ai assisté à une scène banale, qui sera sûrement passée inaperçue pour la plupart.
J’ai vu ce jeune homme entrer dans la grande surface avec les yeux rivés dans son téléphone, faisant appel à quelque sixième sens pour se déplacer sans heurter les obstacles sur sa route. Il a foncé au rayon sodas, a pris une bouteille de whisky sous un bras, une bouteille de Coca sous l’autre et s’est ensuite dirigé vers une caisse automatique. Il a scanné lui-même ses deux articles, a payé sans contact avec son téléphone puis est reparti d’un pas assuré.
Et là je me suis dis : « Quels merveilleux progrès vivons-nous ! Il est à présent possible de faire ses courses sans avoir besoin de croiser le regard de qui que ce soit, ni devoir se plier à ce vétuste savoir-vivre qui demandait qu’on perde du temps à dire bonjour aux gens qu’on croise… ».

Paradoxe de notre ère technologique, nous n’avons jamais eu autant de moyens pour communiquer les uns avec les autres, d’un bout à l’autre de la planète, et nous n’avons jamais eu aussi peu de contacts avec les personnes qui nous entourent. Même les paiements sont « sans contact »…
Et pourtant les outils à notre dispositions sont puissants, efficaces. Le vrai problème ce n’est pas l’outil mais comment on choisit de l’utiliser.
Un marteau n’est ni bon ni mauvais. Il est pratique. Pratique pour planter des clous. Pratique aussi pour défoncer la tête du voisin qui fait trop de bruit…
Et les nouvelles technologies ont déboulé tellement vite dans notre quotidien qu’il nous manque aujourd’hui du recul, de l’expérience, pour savoir les utiliser avec discernement sans y perdre notre humanité !

Dans ce monde nous croisons de plus en plus d’individus en perte de repères qui viennent au coaching pour remettre du sens dans leur vie.
Et le coaching, bonne nouvelle, est un métier de contact !
Le coach est donc particulièrement bien placé pour contribuer à réduire la fracture entre technologie galopante et humanité en quête des nouvelles règles du jeu.

La grande vague que nous traversons actuellement, c’est celle de la fameuse « Intelligence Artificielle ».
En tant qu’ingénieur ayant fait une première carrière dans les systèmes d’information, je peux vous assurer que derrière les fantasmes que d’aucuns projettent sur ce mot, et qui fait le bonheur des équipes de marketing, ces intelligences sont très « artificielles ». Ce sont des traitements faisant appel à des quantités massives de données, rendus possibles par l’augmentation de la puissance de calcul de nos machines.
Et les résultats sont très intéressants, et on aurait tort de s’en priver. Ils permettent de faire plus vite et sans efforts des choses qui n’ont pas une énorme valeur ajoutée au final. Avant, pour détourer une image, je faisais patiemment le tour de l’objet qui m’intéressait dans mon logiciel de retouche favori, maintenant, en un clic, l’IA le fait pour moi.

Quand j’en viens à considérer le coaching, il est certaines démarches répétitives qui réclament de la technicité et sont de bonnes candidates à des apports d’IA.
Par exemple, notre test Egokode, qui analyse la psychostructure® de nos futurs coachés sur la base de questions choisies en fonction des réponses précédentes, fait appel à des éléments d’IA. En sortie, nous obtenons plus rapidement des données précieuses qui nous permettent de proposer un coaching plus efficace et sur-mesure pour chaque client.
En cela, l’IA contribue à des outils au service du coach et il serait dommage de s’en priver.

Par contre s’agissant de l’accompagnement en coaching en lui-même, je voudrais mettre en garde sans ambiguïté sur l’énorme erreur que constituerait la mise en place d’IA qui se diraient capables de coacher des personnes et sur le miroir aux alouettes que de telles propositions constitueraient.
En s’appuyant sur de gros volumes de cas concrets pour élaborer des réponses, je ne dis pas qu’il ne pourrait pas y avoir certains résultats (tout simplement parce que l’IA se nourrirait de l’exploitation massive du talent de vrais humains ayant exercé leur art dans de vraies situations…), mais ces résultats seraient pauvres, voire appauvrissants.
En effet, dans toute relation d’accompagnement, quelque soit la technique employée, quelque soit l’expérience du praticien, le vécu m’a appris une chose à chaque fois vérifiée : ce qui fait qu’un vrai changement s’opère, c’est qu’à un moment donné, dans le processus, il y a une rencontre d’être à être . Sans cette rencontre, point d’étincelle.
Et une telle rencontre d’être humain à machine n’est tout simplement pas envisageable, quelle que soit le niveau d’IA déployé, car par définition « être à machine » sera toujours différent d’« être à être ». A moins d’en venir à considérer la machine qui fait des calculs massifs comme un « être », mais une telle dérive en dirait long sur la perte de connexion à ce qui fait de nous des humains… Adhérer à une telle vision du coaching serait un précipice sur le chemin de l’évolution vers plus d’humanité.

Alors en ces temps de technologie et d’IA, osons investir les outils rendus possibles pour faciliter notre travail de coach, en utilisant « le marteau » de la bonne façon (ou alors c’est peut-être que vous êtes un peu marteau…).
Alors l’IA sera un facteur de progrès pour le coach, qui pourra se décharger d’éléments non porteurs de sa plus grande valeur ajoutée pour se concentrer encore plus vers l’essentiel de son art : la rencontre de l’autre, d’être humain à être humain !

Jean-Philippe VIDAL

Président

 

 

Image en avant issue du film « I, Robot » (2004)

J’aime à citer Henri Ford qui déclarait au sujet de l’entreprise que « Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’entreprise : sa réputation et ses hommes »
C’est une observation qui trouve toute sa justesse aujourd’hui car les chiffres ne sont plus l’unique révélateur de bonne santé d’une entreprise et de sa désirabilité. Les ressources humaines sont plus qu’hier devenues un enjeu majeur dans la pérennité d’une entreprise et dans sa performance.
Même si je reste convaincu que la période sanitaire particulière que nous vivons n’est qu’une parenthèse, elle aura fait accélérer la prise de conscience que l’entreprise est aujourd’hui confrontée à de nouveaux modes de fonctionnements qui bousculent son organisation :

  • La révolution numérique, l’automatisation qui devient monnaie courante, les nouvelles avancées de l’IA et avec elle une concurrence exacerbée et une injonction à aller encore plus vite qui ajoutent une pression accrue sur l’entrepreneuriat. C’est un changement de regard qui nécessite une habilité à les intégrer dans nos organisations non pas pour aliéner les individus mais bien pour être à leur service.
  • Une gestion de la performance qui ne répond plus aux attentes des individus et aux besoins de terrain. Le système basé sur la notation demande à être réformé et viser un système plus juste, plus accompagnant qui propose des évaluations régulières. La formation continue, un accompagnement suivi par un coach référent sont des clefs essentiels de l’apprentissage et du développement de compétences qui devront s’intégrer dans les nouvelles habitudes de l’entreprise.
  • Un modèle d’organisation descendant qui vient de la tête hiérarchique ne peut plus représenté à lui seul la culture de l’entreprise. Cette vision doit parvenir à intégrer le plus grand nombre et se nourrir des individualités et différences de chacun
  • Le développement du télétravail qui en se développant a remis en cause l’équilibre vie privée vie professionnelle qui était déjà un équilibre difficile à trouver. Ce décloisonnement spatial et temporel interroge nos routines, nos relations au travail. C’est aux managers et au RH de répondre à cet enjeu par une réflexion plus profonde sur ce qu’est un environnement de travail, des critères de performance et de rentabilité, les indices de « bon moral » de leurs équipes.
  • Une génération Z qui perçoit le travail comme un moyen de se réaliser, de contribuer et non pas une finalité en soi comme les générations précédentes. Cette génération qui dérange est une opportunité pour les managers de redonner du sens à nos missions

Ces nouvelles « règles du jeu » nous bousculent et en même temps nous obligent à réfléchir à de nouvelles organisations afin de garantir la pérennité de nos entreprises.
Ce virage ne pourra se faire qu’en maîtrisant la révolution numérique qui est en marche, qu’en faisant monter en compétences les équipes en place, qu’en recrutant les bons talents au bon endroit.
Investir sur les Hommes et les Femmes est le capital « gagnant » de nos entreprises de demain.. Ce sont ces nouveaux challenges qui inspirent et mobilisent le Groupe Human-viza pour vous accompagner à franchir ce cap.

Gianmarco COSENTINO

Directeur Associé